Le libre échange ou les droits de l'homme? - La campagne

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Ce printemps, des Accord de libre-échange ont été conclus entre l'Union européenne d'une part et la Colombie et le Pérou d’autre part. Bientôt des négociations similaires seront entamées avec d’autres pays du Sud.

Selon le commissaire européen Karel De Gucht, il s’agit d’une étape historique dans nos relations avec ces pays, qui apportera des avantages substantiels pour les deux parties. Toutefois, des études démontrent des impacts néfastes pour les pays du Sud, et en particulier pour les populations les plus pauvres dans certains secteurs.

Stop the Killings a mené depuis plus de cinq ans une campagne contre les meurtres, les disparitions et les intimidations des personnes qui luttent pour plus de justice dans des pays comme la Colombie, le Guatemala et les Philippines. Des syndicalistes et des défenseurs des droits de l’homme ne peuvent agir sans avoir à se soucier de leur sécurité. Leurs vies sont aujourd’hui menacés et en péril.

Là où l’injustice ne cesse de croitre, les violations des droits de l’homme sont en augmentation. Les droits de l’homme doivent être au cœur des relations que nous entretenons avec ces pays. Il s’agit en aucun cas de les isoler, mais d’attirer une attention particulière sur ce que vivent ces personnes vulnérables dans un environnement extrêmement dangereux.

Les accords de libre-échange avec la Colombie et le Pérou ne tiennent pas compte des déséquilibres qui existent entre les niveaux de développement en Europe et les pays concernés. Cela implique entre autre

  • L'importation massive de produits finis (y compris alimentaire) dans ces pays
  • L'exportation massive de produits primaires provenant de ces pays dans des conditions défavorables, imposées par l'Europe.
  • L'étranglement de l'industrie et l'agriculture des pays concernés, avec comme conséquence, l'économie locale qui ne peut se développer et l’appauvrissement de la population active.
  • La dépendance de ces pays à cause des prêts financiers à des conditions douteuses exigée par le FMI, la Banque mondiale, ...
  • De plus en plus d'ingérence par l’Europe en termes de sécurité, de politique et l’économie.

‘Stop the killings’ craint que la libéralisation de l'accès aux ressources naturelles et des secteurs stratégiques de ces pays limitent les possibilités de développement durable et équitable des groupes les moins favorisés. De tels accords de libre-échange ne profitent certainement pas au développement durable et auront un impact négatif sur la situation économique et sociale de la population active. Ces inégalités sont de plus en plus profondes et amènent une misère sociale dans la société.

Dans un tel contexte, les violences à l’encontre des syndicalistes et des militants des droits de l’homme ne cessent de croitre. Dans de nombreux pays, les multinationales sont directement ou indirectement impliquées dans les violations des droits de l’homme. La Colombie est aujourd’hui le pays le plus dangereux pour les syndicalistes et les militants des droits de l’homme. Selon Amnesty International, au cours du premier trimestre de 2011, 29 défenseurs des droits de l’homme et 18 syndicalistes ont déjà été tués. Le régime de la nouvelle présidente Santos amène si peu de changement. Dans des pays comme les Philippines et le Guatemala, la situation des droits de l’homme est aussi préoccupante.

Lors de la Journée internationale pour les droits de l’homme le 10 Décembre, nous interpelleront des représentants belges au Parlement européen et nous leur demanderons de

  • encourager un débat démocratique en mettant en avant la nécessité que ces accords soient soumis au débat et à la ratification par différents parlements;
  • ne pas signer ces accords vu le contexte actuel et certainement pas dans sa forme actuelle;
  • établir des relations internationales au sein desquelles une politique de développement durable, le travail décent et les droits de l’homme, ainsi que ceux du commerce équitable soient les principaux éléments de tels accords de libre-échange.