Des pourparlers, mais toujours pas de paix en Colombie

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En une semaine, trois leaders paysans ont été assassinés en Colombie : Gustavo Pizo, Hermes Vidal et Alonso Lozano. Tous trois étaient actifs dans la lutte pour les réformes agraires. Et c'est précisément le thème central des pourparlers de paix qui se déroulent pour l'instant à La Havane entre les FARC-EP et le gouvernement colombien.

Dans toute la Colombie, depuis le début des négociations de paix, ont lieu des rassemblements massifs de paysans, d’étudiants, de parents des victimes de la violence, d’ecclésiastiques, de mouvements indigènes… Ils se rassemblent pour formuler des propositions afin d’en arriver à la paix et de contribuer ainsi aux entretiens qui se déroulent à La Havane. Les Colombiens en ont assez de 65 années de conflit armé et ils veulent que le gouvernement mette tout en œuvre pour faire aboutir les pourparlers de paix. Cela ne sera possible qu’avec l’application de réformes sérieuses dans le pays et, avant tout, une réforme agraire.

La Colombie est en proie à d’énormes contradictions et c’est un paradis pour les multinationales. 61,2 % des terres cultivables sont aux mains de 0,4 % de la population. Des 114 millions d’hectares du territoire du pays, 38 millions sont réservés à l’exploitation pétrolière, 11 millions à l’exploitation minière, 12 millions à l’exploitation forestière (bois précieux et biocombustibles) et 39 millions à l’élevage « extensif » de bétail. Un véritable El Dorado pour les multinationales ! Dans le cadre des TLC, l’on comprend mieux la voracité des multinationales qui s’empressent d’obtenir coûte que coûte d’immenses concessions sur le territoire colombien. Pour le garantir, le gouvernement colombien consacre d’ailleurs 25% des effectifs de son armée à la seule protection des installations des multinationales sur son territoire. La Colombie compte d'ailleurs 6 millions de réfugiés internes (sur 46 millions d’habitants) qui ont fui la violence. (cf. article 'Le gouvernement et le FARC négocient la paix en Colombie')

Les assassinats des trois leaders paysans entre le 20 et le 25 mars ne sont pas des cas isolés, comme le prétendent les médias. Ils s’inscrivent dans une stratégie visant à faire taire les mouvements sociaux. Mais ceux-ci ne se taisent pas. Ils réclament la justice. Car cela n’a aucun sens de discuter de paix et de réforme agraire à La Havane quand ceux qui luttent pour une réforme agraire sur le terrain le paient de leur vie.

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