Rentrée scolaire tragique aux Philippines

Emok Samarca (Source: Solidagro)

Mardi 1er septembre 2015. Aux Philippines, trois défenseurs du droit à l'enseignement ont été assassinés de sang-froid. Emerito ("Emok") Samarca, directeur d'ALCADEV, organisation partenaire de l'ONG belge Solidagro, fait partie des victimes.

Les trois activistes ont été brutalement assassinés à l'aube du 1er septembre par un groupe paramilitaire qui, d'après les activistes locaux, est soutenu par l'armée régulière philippine. Emerito Samarca était le directeur d'ALCADEV (Alternative Learning Center for Agriculture and Livelihood Development). ALCADEV est un lycée agricole dédiés aux jeunes des minorités ethniques de la région de Caraga qui, autrement, ne bénéficieraient d'aucune formation. Ces jeunes vivent et travaillent à l'école, et retournent passer les week-ends et les vacances scolaires dans leurs villages de montagne, où ils peuvent appliquer ce qu'ils ont appris et contribuer ainsi à l'amélioration de l'agriculture et au recul de la faim. Le lycée n'hésite pas à soutenir les populations autochtones comme les Lumads dans leur combat pour conserver leurs terres. Les multinationales et le gouvernement philippin convoitent en effet ces terres pour en faire de vastes exploitations minières. Les élèves de l'école, eux aussi, s'opposent activement aux projets d'exploitations minières aux conséquences néfastes pour la santé, l'agriculture et leur avenir.

Solidagro, une ONG active au sein de la plate-forme Stop the Killings, soutient cette organisation et se bat à ses côtés pour le droit à l'enseignement de milliers de jeunes autochtones issus des villages reculés des montagnes. Ces jeunes n'y trouvent pas seulement des perspectives d'avenir, mais ils deviennent aussi plus à même de défendre leurs droits, ce qui va souvent à l'encontre des projets du gouvernement philippin. En effet, le gouvernement philippin fait généralement des pieds et des mains pour protéger les exploitations minières et les multinationales qui les détiennent. Il n'hésite pas à déployer l'armée pour tuer la contestation dans l'œuf. L'organisation locale de défense des droits de l'homme Karapatan redoute donc également que le gouvernement n'étouffe l'affaire.

Nous souhaitons à la famille d'Emok, à l'équipe d'ALCADEV et de Solidagro beaucoup de courage pour faire face à cette perte. Nous appelons le gouvernement belge à condamner ces violations des droits de l'homme. Le gouvernement philippin doit être mis devant ses responsabilités.