Colombie: fin de la guerre... et début de la paix ?

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Encore un peu incrédules, les Colombiens sont descendus dans les rues par milliers pour fêter la fin du conflit armé qui oppose le gouvernement colombien à la guérilla des Farc. C’est une grande victoire et un tournant historique pour le pays qui espère de la sorte pouvoir tourner la page d’un conflit ravageur qui a fait 260 000 morts et 45 000 disparus.

Le 23 juin, un cessez-le-feu bilatéral et définitif a été signé à La Havane en présence de Ban-Kim-Moon et des chefs d’État de Cuba, du Chili et du Venezuela, qui accompagnent les négociations depuis leur début.
Avec ce cessez-le-feu, le gouvernement colombien et les Farc ont franchi la dernière étape qui doit les mener très prochainement à la finalisation de l’accord de paix en négociation depuis 2012. La réforme agraire, l’indemnisation des victimes du conflit, la question du narcotrafic, le retour à la vie civile et politique des guérilleros, tout comme la détermination du mode de ratification de l’accord par l’ensemble des Colombiens ont déjà fait l’objet d’accords intermédiaires entre les deux parties.

Répartition des terres

Il s’agit donc bien de la meilleure opportunité pour pouvoir changer radicalement la vie des Colombiens. La fin d’un conflit armé ne peut que soulager la population civile qui en a souffert au cours des dernières 52 années. Mais cela offre aussi la possibilité de résoudre, entre autres via l’accord sur la réforme agraire, le problème fondamental de la répartition des terres agricoles, principale cause des inégalités abyssales dans le pays. Aujourd’hui, 52 % des terres appartiennent à 1,5 % de la population et 6 à 7 millions d’Ha ont été spoliés durant le conflit, soit 15 % de la surface agricole du pays. Plus de 6 millions de paysans ont dû fuir la guerre et abandonner leurs terres. La plupart de celles-ci se sont retrouvées dans les mains de multinationales produisant des bio-carburants ou du bois précieux.

Si ces accords sont indéniablement porteurs d’un immense espoir, l’ensemble de la gauche colombienne exige qu’ils s’accompagnent de sérieuses garanties pour son mouvement social. Une partie de la droite (liée à l’ancien président Alvaro Uribe) est en effet farouchement opposée à cet accord de paix avec les Farc. Certains de ces politiciens sont liés aux groupes paramilitaires d’extrême-droite qui sèment la terreur en assassinant des syndicalistes, leaders paysans et environnementaux. Et ces crimes odieux, qui sapent les mobilisations populaires, ont repris de plus belle au fur et à mesure que les négociations de paix se dirigeaient vers une issue favorable.

La fin de la guerre est un acquis précieux. Mais la construction d’une « paix avec la justice sociale », telle que la réclame à cœurs et à cris le peuple colombien, ne fait que commencer. Les mouvements sociaux colombiens veulent que les causes qui sont à l’origine du conflit entre les Farc et le gouvernement soient effectivement éradiquées. Et ils vont se mobiliser pour qu’il en soit ainsi.

 

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