Walberto Hoyos Rivas, un responsable de la communauté d’origine africaine du bassin du Curvaradó, dans le département du Chocó (nord-ouest de la Colombie), a été tué. Les auteurs de son meurtre seraient des membres des Aigles noirs, un groupe paramilitaire. Amnesty International est très inquiète pour la sécurité des autres membres de cette communauté, ainsi que pour celle des membres de la Commission interecclésiastique Justice et paix et d’autres organisations vivant avec cette communauté dans les bassins du Curvaradó et du Jiguamiandó.
Le 14 octobre 2008, Walberto Hoyos Rivas a été abattu par deux paramilitaires alors qu’il venait de quitter une réunion communautaire dans la zone humanitaire de Caño Manso, située dans le bassin du Curvaradó. Les paramilitaires ont commencé par insulter Walberto Hoyos Rivas, en le traitant de « fils de pute ». Ce dernier a tenté de se protéger, mais il a été atteint par plusieurs balles. Avant de le tuer, ses deux agresseurs ont emporté les téléphones mobiles utilisés par les membres de sa communauté pour alerter les autorités en cas d’urgence. Peu après avoir quitté les lieux, ils sont revenus. Ils ont pris le corps de Walberto Hoyos Rivas et l’ont retourné sur le dos, puis ils lui ont encore tiré dans la figure et le cou avant de prendre la fuite sur des motos dont les plaques d’immatriculation avaient été enlevées.
Ce jour-là, Walberto Hoyos Rivas avait reçu une convocation d’un tribunal d’Antioquia, où il devait témoigner dans le cadre de l’enquête sur le meurtre d’Orlando Valencia, un autre responsable de la communauté d’origine africaine du bassin du Curvaradó tué en 2005, vraisemblablement par des paramilitaires agissant en coordination avec les forces de sécurité. Walberto Hoyos Rivas était présent lorsqu’Orlando Valencia a été victime d’une disparition forcée en octobre 2005 (voir l’AU 272/05, AMR 23/037/2005, 17 octobre 2005).
Il avait été la cible de menaces de mort et d’attaques de la part des paramilitaires en raison de son rôle de témoin dans cette affaire, ainsi que des activités de défense des droits humains qu’il menait en tant que responsable communautaire, qui consistaient notamment à protéger les droits fonciers collectifs des communautés d’origine africaine du bassin du Curvaradó. Le 17 septembre 2007, lui et son frère, Miguel Hoyos Rivas, avaient échappé à une tentative de meurtre. Ils avaient tous deux été blessés au cours de cette attaque. Jusqu’à présent, personne n’a été tenu pour responsable à la suite de ces événements.
En janvier 2003, Walberto Hoyos Rivas est devenu bénéficiaire des mesures provisoires mises en place par la Cour interaméricaine des droits de l’homme afin de protéger les membres de la communauté d’origine africaine du bassin du Curvaradó. Sa protection était également assurée par le ministère de l’Intérieur et de la Justice depuis juillet 2008. Cependant, le 10 octobre, le véhicule qui lui avait été prêté a été emporté pour subir des réparations, et il ne lui avait toujours pas été rendu le jour de son meurtre.
Les membres de la Commission interecclésiastique Justice et paix vivant avec la communauté d’origine africaine dans les bassins du Curvaradó et du Jiguamiandó ont également reçu un certain nombre de menaces émanant de groupes paramilitaires (voir l’AU 234/08, AMR 23/029/2008, 26 août 2008). Malgré le programme de démobilisation mis en place par le gouvernement, les groupes paramilitaires sont toujours actifs dans plusieurs régions du pays, bien souvent avec le soutien et l’assentiment des forces de sécurité.
Cet homicide, le dernier en date, a eu lieu au moment même où la communauté d’origine africaine des bassins du Curvaradó et du Jiguamiandó s’efforce de protéger ses droits fonciers collectifs, reconnus par le gouvernement colombien en 2000, et d’empêcher la multiplication des plantations illégales de palmiers africains sur son territoire. Des organes de l’administration colombienne ont confirmé le caractère illégal de ces cultures. De nombreux membres de cette communauté, dont certains faisant partie des conseils communautaires, ont été menacés en raison de la stratégie qu’ils ont adoptée afin de défendre leurs droits fonciers et de s’opposer aux entreprises locales qui produisent de l’huile de palme.
Source: Amnesty Internationale