Manifestants à De Gucht: "Stop the killings! Free Satur!"

Bruxelles, le 29 mars 2007 - Une soixantaine de manifestants se sont rassemblés devant le ministère des affaires étrangères à Bruxelles pour attirer l'attention de Karel De Gucht sur l'état penible des droits de l'homme aux Philippines. On y déplore déjà plus de 800 assassinats politiques depuis l'avènement au pouvoir de la présidente Gloria Macapagal Arroyo. Avec l'arrestation récente du parlementaire Satur Ocampo, c'est l'opposition parlementaire qui est désormais menacée. La manifestation était organisée par stopthekillings.be, une large coalition de syndicats, ONG et autres organisations. Cette initiative s'est fait remarquer le dix décembre de l'année passée lorsqu'elle mit sur pieds une marche aux flambeaux forte de mille personnes qui s'était dirigée vers l'ambassade philippine pour y dénoncer les assassinats politiques. Malheureusement depuis, des dizaines de meurtres sont déjà à regretter. Siche B. Gandinao, membre active de Bayan Muna (Le Peuple d'Abord) ainsi que d'une organisation locale de paysans, était une de ces victimes. Son beau-père, le responsable au niveau provincial de cette organisation, à été liquidé le 8 février par un escadron de la mort. Quelques jours après, Gandinao en témoigna devant Philip Alston, Rapporteur Spécial des Nations Unies. En partie grâce à ce témoignage, ce dernier déduit à la fin de sa mission que l'armée philippine est derrière la vague d'attentats. Pas longtemps après, le 10 mars 2007, madame Gandinao fût abattue par un autre escadron de la mort. L'arrestation du parlementaire Satur Ocampo prouve qu'avec les élections du 14 mai en vue, la répression politique aux Philippines ne cesse d'accroître. Le représentant du peuple est accusé dans une affaire d'homicides multiples dont les faits datent de 1985. Que l'affaire est prescrite depuis lors ne semble pas affecter l'intention des autorités à arrêter le parlementaire progressif de Bayan Muna, quelques semaines avant les élections. Cela devient même plus absurde quand on sait que Ocampo à passé les années 1976 à 1985 dans les cachots du dictateur Marcos en tant que prisonnier politique. De plus, la procédure se poursuivrait devant le tribunal de Leyte, une île éloignée de la république des Philippines. Une procédure tellement laborieuse tenue dans un tel endroit reviendrait donc en fait à un exil pour ce politicien populaire. La manifestation de jeudi dernier était principalement composée de syndicalistes de l'ACV et d'activistes des droits de l'homme de Intal, Quinoa ainsi que quelques partis politiques. Une délégation constituée de Guy Tordeur et Caroline Vanpoucke de ACV, le représentant parlementaire sp.a David Geerts, l'avocat philippin des droits de l'homme Edre Olalia et Wim de Ceukelaire d'intal-Filippijnengroepen België, a été reçue par des représentants du ministre. Durant l'entretien, les membres de la délégation ont insisté sur le fait que le dépassement de l'admissible aux Philippines est incontestable et qu'un signal fort de la part de notre pays est nécessaire. La réponse était enrobée du langage diplomatique usuel mais laissait tout de même apercevoir une réelle inquiétude de la part des instances officielles. Il a été promis que le ministre De Gucht ou le premier minsitre Verhofstadt exprimeraient cette crainte dans une lettre officielle à la présidente philippine Arroyo. D'autre part, l'entretien s'est également porté sur la mise en chantier d'une mission d'enquête de l'Union Européenne aux Philippines. Les activistes humanitaires ont insiste pour que la Belgique puisse jouer un rôle de pionnier au sein de cette mission. Une fois l'entretien terminé, l'initiative s'est achevée par une courte intervention de Guy Tordeur. Il a remercié les personnes qui étaient présentes et leur a demandé de suivre la situation de près. L'Intérieur avait en effet demandé de continuer à échanger de façon réciproque la situation des droits de l'homme aux Philippines. La vigilance des syndicats, politiciens et ONG belges sont donc certainement un stimulant pour notre pays de jouer un rôle actif dans cette affaire.